Comment se débrouiller en Chine ??
Comment se débrouille-t-on au quotidien dans un pays où la pratique de la langue écrite nécessite un très long apprentissage et la langue parlée – avec ses quatre tons- est soumise à des altérations dues aux accents régionaux et l’existence de nombreux dialectes ?
On survit ! Avec difficultés, non sans obstination et débrouillardise…
Les chinois raffolent des panneaux d’affichage remplie de multitude de documents en tout genre. Voici le panneau d’affichage dans l’entrée de notre immeuble.
Bien évidement, rien n’est prévu pour les béotiens qui ne pratiquent que la langue de Molière et à regret celle de Shakespeare… Les mots les plus importants sont collés – directement à même le mur, très propre ! – sur le montant de la porte de l’ascenseur ou dans la cabine.
Nous avons eu pendant longtemps ce mot collé à notre étage et nous l’avons ignoré.
Mauvais choix, le style pétition avec les signatures dessus aurait du nous alerter, cela nous a couté (15 euros, tout est relatif…) un vélo que Raph avait attaché sur le palier devant notre porte !
Après être aller voir le gardien de l'immeuble, nous avons compris qu' il s’agissait d’une pétition pour que l’on ne gare pas les vélos sur le palier. Nous "pas y en a comprendre", mais cela n’a pas empêché les gardiens de l’enlever et de le « perdre ». Consolation, nos amis nous ont dit que nous étions maintenant de vrais chinois car tout chinois qui se respècte s’est fait voler au moins un vélo dans sa vie !!!
Alors bien sûr quand nous avons vu cette nouvelle affiche dans l'ascenseur, nous sommes devenus méfiants.
Le bandeau rouge en haut indiquait l’urgence. Manifestement c’est pour bientôt (après demain et lundi) et les plages horaires semblent clairement définies. Nous nous décidons pour une coupure de quelque chose ? Cen'est ni l'eau ni l'électricité puisque nous arrivons à reconnaître ces caractères qui ne sont pas sur l'affiche, Quoi alors ?
Echaudés par nos précédentes aventures, nous nous résignons à appliquer la procédure d’urgence: prendre une photo du bidule et l’envoyer à un interprète ou un copain. Nous voila donc dans le hall d’entrée de l’immeuble un vendredi soir à 20 heures en train de prendre une photo d’une feuille de papier. Un papy tout sec arrive et nous regarde interloqué...
Je lui lance « Kan bu dong » ("voir pas comprendre", expression typiquement chinoise qui veut dire que je vois bien mais je ne comprends pas le chinois écrit – ce qui pour eux et toujours surprenant car si la langue orale est différente avec de nombreux dialectes, la langue écrite est commune à toute la Chine)
Il s’approche et déchiffre gentiment le message pour nous. Il commence par les plages horaires ce que nous avions à peu près compris. J’essaye de savoir ce qui va bien pouvoir arriver durant cette plage horaire.
« Mei you qi » répond notre gentil guide pour analphabète occidental.
Alors Mei You – prononcer "mé yo" – nous connaissons cela veut dire il n’en y a plus ou pas, c’est un kit de survie ici, ils sont toujours en rupture d’approvisionnement de quelque chose.
Il s’agit bien d’une coupure, mais de quoi ?? Pour nous expliquer, le petit papy nous fait de grands gestes avec les bras qui montent et qui descendent.
Pas d’ascenseur peut être ?? Je fais mine de prendre l’ascenseur – on devient bon en pictionary et mimes en Chine mais cela ne lui plait pas.
Bon alors, il semble qu’il fait mine d’ouvrir un robinet et ensuite fais des grandes gestes avec les bras. Ah le gaz ? Oui mais comment confirmer ? je lance timidement « tcheu fan » - manger riz – mais je ne déchaine pas l’enthousiasme. Ah si peut être, « huo » - feu (bien retenir ce mot, il sera là bientôt dans une prochaine aventure)
Un sourire illumine le visage de notre papy flingueur, nous avons compris !!
« Xie Xie !! » - merci